« Ce n’est pas parce qu’on est aveugle qu’on ne sort plus. On s’intéresse encore à l’histoire et à la culture. »
Ces mots de Karine Descôteaux, directrice générale de l’Association Éducative et Récréative des Aveugles rappellent une réalité trop souvent oubliée. Au Québec, plus de 100 000 personnes sont atteintes de déficience visuelle[i]. Lorsque les musées ne proposent aucune mesure d’accessibilité, l’accès à l’histoire, à l’art et à la culture devient presque impossible pour les personnes vivant avec un handicap visuel. Boréalis a choisi d’ouvrir ses portes à tous, en mettant en place un parcours d’audiodescription pour son exposition permanente Transformations. Cette initiative vise à rendre l’expérience muséale pleinement accessible en décrivant avec précision l’environnement, les objets, les photographies et l’ambiance générale de l’exposition. Pour Karine Descôteaux, cette expérience a représenté bien plus qu’une simple visite : c’est un pas vers l’accessibilité culturelle.
Voir autrement : une expérience culturelle complète
Lors de sa visite, Karine a pu vivre l’exposition autrement. « Ce qui m’a marqué le plus, c’est d’avoir accès aux témoignages des travailleurs. C’est comme si j’étais là, avec eux », raconte-t-elle. Grâce à l’audiodescription, elle a pu ressentir l’ambiance des lieux et capter les nuances que les visiteurs et les visiteuses voyants perçoivent peut-être plus spontanément. En effet, l’audiodescription permet de se projeter, de sentir l’énergie d’un lieu et de saisir l’essence d’une histoire racontée. Karine Descôteaux, explique que l’ajout des ambiances sonores et des témoignages a enrichi son expérience. « Avec les témoignages des travailleurs, de leurs familles, et les bruits ambiants, c’est une immersion. J’ai vraiment adoré. »
L’accessibilité : une nécessité, pas une option
En discutant avec Karine, une chose devient évidente : l’audiodescription n’est pas un luxe, c’est une nécessité. « Nos attentes, c’est d’avoir le plus de descriptions possible. Sans description, on n’a pas accès à la culture. » Au quotidien, 80 % des informations reçues sont visuelles[ii]. Elle souligne à quel point il est frustrant d’entrer dans un musée et de se heurter à des expositions muettes, inaccessibles pour les personnes avec un handicap visuel. Il lui est arrivé plusieurs fois de renoncer à visiter un musée en raison du manque d’accessibilité « Surtout quand il y a des artefacts ou des choses comme ça parce que c’est derrière une vitre, donc on n’a pas accès, on ne le voit pas. »
Or, comme elle le rappelle : « Ce n’est pas parce qu’on est aveugle qu’on ne sort plus. On s’intéresse encore à l’histoire et à la culture. ». Et c’est exactement ce que permet l’audiodescription : briser les barrières invisibles et offrir une expérience culturelle plus juste et inclusive.
En mettant en place l’audiodescription, Boréalis fait plus qu’ouvrir son musée : il envoie un message fort dans le milieu culturel. Karine l’exprime avec beaucoup de reconnaissance : « Moi j’aimerais remercier Boréalis d’avoir rendu accessible leur musée, puis d’emboîter le pas, parce que l’accessibilité c’est bon pour tout le monde ».
Boréalis ne compte pas s’arrêter là ! Plusieurs autres initiatives sont en réflexion afin d’améliorer l’expérience visiteur, dans une volonté de rendre la culture accessible à tous.
Curieux d’en apprendre plus sur l’exposition Transformations ? Découvrez les premières impressions et l’impact de cette expérience immersive en lisant cet article.
L’intégration de l’audiodescription au contenu de l’exposition Transformations a été rendu possible grâce à l’organisme Kéroul.
[i] Fondation des Aveugles du Québec (2016). Les chiffres de la déficience visuelle. https://fondationdesaveugles.org
/les-chiffres-de-la-deficience-visuelle/
[ii] Fondation des Aveugles du Québec (2025). À propos. https://fondationdesaveugles.org/la-fondation/a-propos-2/